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Jocari (latin iocari s’amuser, iocus jeu)

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Jean-Baptiste Bullet, Recherches historiques sur les cartes ? jouer (1757)

Texte
"Les Cartes sont parmi nous la funeste occupation des uns, le délassement de presque tous les autres. Ce jeu faisant ainsi une partie considérable de nos mœurs, j'ai cru devoir en rechercher l'origine & tâcher d'en deviner le dessein.
M. l'Abbé le Gendre (Mœurs des François,) assure que les Lydiens ont inventé les Cartes & les Dés. Cette opinion, vraie si l'on veut […] pour ce qui regarde les Dés, est fausse pour ce qui concerne les Cartes. Aucun des ancines n'en a parlé ; quoiqu'ils ne nous ayent pas laissé ignorer les moindres particularités de leur vie publique & privée. Il y a plus, ils ont gardé sur ce jeu le plus profond silence, lors même que l'occasion de l'indiquer se présentoit naturellement. Ovide formant une jeune personne pour le beau monde, veut qu'elle sçache jouer aux Osselets, aux Dés, aux Échecs, au Trictrac, aux petites Boules […]. On voit ans le plan d'une pareille éducation, les Cartes ne sont omises que parce qu'elles n'étoient pas connues. D'ailleurs les langues Gréque & Latine, n'ont point de terme pour désigner ce jeu : preuve certains qu'il n'étoit ignoré de ces peuples.
Dès les premiers siècles de l'Église jusqu'au quatorzième, les Conciles par leurs décrets, les Pères par leurs censures, les Princes par leurs loix, […] proscrivent les jeux de hazard, ils nomment parmi ces pernicieux divertissements, les Dés, les Osselets, le Trictrac, les Chevaux de bois : ils ne parlent jamais des Cartes.
On dira peut-être que les Cartes n'ont point été enveloppées dans ces condamnations, parce qu'elles ne sont pas un jeu de hazard. Il est vrai que selon les vues de l'auteur, les Cartes devoient être principalement un exercice de l'esprit : mais il y a lieu de croire que contre son intention, on en fit bientôt un jeu de hazard, puisque dès les premières années où elles furent en usage, nous les voyons toujours condamnées avec les Dés. […]" (p. 1-11)

"On ne voit point de Cartes représentées dans les bas-reliefs, les peintures, les tapisseries, qui sont plus anciennes que le quatorzième siècle ; quoiqu'on y découvre des Dés, des Cornets, des Échecs, des Damiers.
Le silence de tous les Écrivains & de tous les monuments jusqu'au quatorzième siècle, acquiert la force d'une démonstration, lorsqu'on considère que dès la fin de ce même siècle, les Concils, les Auteurs Ecclésiastiques & les Princes ne condamnent jamais les jeux, qu'ils ne nomment expressément les Cartes. Jean I Roi de Castille, dans un Édit de 1387, défend les Dés & les Cartes […]". (p. 17-18)

Extrait de
Recherches historiques sur les cartes à jouer, p. 1-3.

Date
1757

Lieu de publication
Lyon, J. Deville

Auteur
Jean-Baptiste Bullet (Besançon, vers 1699-1775)

Support
Livre imprimé

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